L’ombre de Monsieur de Buffon plane sur la création du Grand Parc : on raconte que Monsieur de Mortefontaine dédia à son ami une tour octogonale érigée sur l’une des îles des étangs de la Grange. On pouvait y lire une glorieuse et savante dédicace au génie de la nature au-dessus de la porte d’entrée : «Naturae genio, Buffoni sacer esto» ( G.E.M.O.B. p. 24). C’est également la dédicace gravée sur un rocher de 10 mètres de long et 4 de haut, issue d’un poème de l’abbé Delille, autre familier du domaine de Mortefontaine : «Sa masse indestructible a fatigué le temps», qui nous invite à prendre ce chemin philosophique. C’est enfin le souvenir de l’ancienne salle de comédie, modernisée par Joseph Bonaparte, dont le fond de scène s’ouvrait à volonté pour laisser découvrir la forêt, qui nous invite à renouer avec ce regard. «L’horizon ne devait rien à l’art de Cicéri : c’était celui de la nature » écrivait en 1803 le Préfet Cambry, premier préfet de l’Oise, dans son tableau administratif du département (cité par le G.E.M.O.B. p. 52).
Le premier jardinier est bien évidemment l’héritage de la nature, héritage constitué à Mortefontaine par le relief accidenté, de fantastiques éboulements rocheux et des sources généreuses. Au XVIIIe siècle, un paysage ouvert de garennes et de bruyères, de champs sur le plateau et de prés conquis sur le marais apparaît dominant, ponctué par quelques massifs boisés. Les alentours de la tour Rochefort permettent aujourd’hui d’approcher une idée de cet état ancien. Dans leur désir vertueux de parfaire la nature, les jardiniers du XVIIIe siècle vont planter des espèces indigènes puis exotiques, transformer le cours des rivières et modifier le relief pour créer l’illusion d’un jardin d’Eden. Mortefontaine est le paradis et ses propriétaires successifs en furent à la fois les créateurs et les serviteurs.
Pour ce faire, il faut planter, entretenir et exploiter le patrimoine végétal du domaine.
Le plan du Petit Parc établi en 1776 par l’ingénieur du roi le Rouge permet de constater qu’un tiers des surfaces dans l’enceinte du domaine est réservé à un massif d’arbres en futaie, une pépinière d’arbres fruitiers et un jardin potager. Ainsi, les méandres du jardin anglo-chinois, ponctués de statues et d’obélisques, se trouvent sertis par le quadrillage régulier d’allées desservant des rangées de jeunes pousses destinées à augmenter ou remplacer la végétation vieillissante, et approvisionner les cuisines du château. C’est sans doute à l’initiative de Le Peletier que l’on doit également la plantation de poiriers le long des à tous, et que le jardin d’Eden nourrisse tous les habitants du village. La variété plantée devait être particulièrement rustique pour permettre à quelques sujets de résister jusqu’à nos jours, malgré les agressions de la circulation contemporaine. À Mortefontaine, une tradition ancienne de cueillette des poires et de production d’un cidre commémorerait ce geste bienfaiteur.
Cette importante dimension de l’exploitation du domaine se lit également à travers les contrats passés entre Joseph Bonaparte et Antoine-Denis Lefèvre, jardinier au village. « Dès le mois de janvier 1800, Joseph Bonaparte signe un important marché de plantations avec Antoine-Denis Lefèvre ( 1775-1858), habitant à Mortefontaine. Ce dernier s’engage à remettre en état le Petit Parc, il va fournir les plants, les semis et ceci pendant trois ans. Il assure deux binages annuels, aux époques qu’il jugera convenables, de manière à détruire les herbes nuisibles. Ce projet est prévu pour l’entretien d’environ 120 arpents et il demande 115 francs l’arpent pour trois ans, payables chaque année. C’est un début pour parer au plus pressé. En septembre de la même année, un nouveau contrat est établi avec Antoine Lefèvre, mais cette fois il s’engage à « planter en bois les terrains environnants, les bois du Defay et Molton et ceux qui seront désignés… dans la garenne de Charlepont jusqu’à concurrence de trois cents arpents. » Il plantera des chênes, des bouleaux, des hêtres, des charmes. Il recevra 140 francs par arpent, et le contrat sera renouvelé pour l’année suivante. Chez lui, il possède une «melonnière» avec 150 cloches où il fait pousser des melons pour les propriétaires du château.
Ces contrats sont significatifs de l’effacement progressif du paysage ouvert des bruyères, des prés et des garennes au profit de la futaie puis d’une fôret propice aux grands animaux qui deviendront aux XIXe et XXe siècles les principaux ornements et attraits des sous-bois pour les propriétaires et les locataires du château. L’Eden des parcs de Mortefontaine fut resplendissant le temps d’un demi- siècle, entre les années 1770 et 1820.
Si le domaine cessa d’être depuis cette date une démonstration et une représentation vivante d’un art des jardins, tous les sujets plantés poursuivirent leur croissance au milieu des vicissitudes de l’histoire. Ce qui permet aux parcs et à leurs abords de présenter de nos jours des arbres séculaires, dont la quantité inhabituelle ferait presque oublier leur caractère exceptionnel.
Cette importante dimension de l’exploitation du domaine se lit également à travers les contrats passés entre Joseph Bonaparte et Antoine-Denis Lefèvre, jardinier au village. « Dès le mois de janvier 1800, Joseph Bonaparte signe un important marché de plantations avec Antoine-Denis Lefèvre ( 1775-1858), habitant à Mortefontaine. Ce dernier s’engage à remettre en état le Petit Parc, il va fournir les plants, les semis et ceci pendant trois ans. Il assure deux binages annuels, aux époques qu’il jugera convenables, de manière à détruire les herbes nuisibles. Ce projet est prévu pour l’entretien d’environ 120 arpents et il demande 115 francs l’arpent pour trois ans, payables chaque année. C’est un début pour parer au plus pressé. En septembre de la même année, un nouveau contrat est établi avec Antoine Lefèvre, mais cette fois il s’engage à «planter ». Il plantera des chênes, des bouleaux, des hêtres, des charmes. Il recevra 140 francs par arpent, et le contrat sera renouvelé pour l’année suivante. Chez lui, il possède une «melonnière» avec 150 cloches où il fait pousser des
Si le domaine cessa d’être depuis cette date une démonstration et une représentation vivante d’un art des jardins, tous les sujets plantés poursuivirent leur croissance au milieu des vicissitudes de l’histoire. Ce qui permet aux parcs et à leurs abords de présenter de nos jours des arbres séculaires, dont la quantité inhabituelle ferait presque oublier leur caractère exceptionnel.
Il est une autre particularité de la commune : la présence continue de lignées de pépiniéristes et de forestiers qui ont poursuivi un travail de production et d’exploitation des terres. Cela se remarque dans le paysage par les terres quadrillées des pépinières installées alentour des villages, à Plailly comme à Mortefontaine. La partie sud du Petit Parc, au-delà de la clôture et en deçà du Temple, tout comme l’ancien tracé du chemin de fer, furent ainsi exploités puis abandonnés. Il reste un paysage singulier serré par le rythme des plantations et quadrillé par les allées de servitude d’exploitation.
Trois hommes se partagent le privilège d’avoir embelli la demeure et façonné le paysage des jardins et du parc de Mortefontaine.
Tout d’abord la famille Le Peletier, propriétaire par succession du domaine de Mortefontaine depuis les débuts du XVIIe siècle. Claude Le Peletier (1631 – 1711), puis Louis Le Peletier (1662-1730), Jacques-Louis Le du nom (1730 – 1799), et enfin Louis Le Peletier (1662-1730), deuxième du nom (1730-1799), héritier de cette famille de magistrats parisiens qui entrepris de grands travaux d’embellissement des bâtiments et des jardins à partir de décembre 1770. La tourmente révolutionnaire sonna le glas de ce lignage.
Vendu en 1790, le domaine se retrouva, le 20 octobre 1798, à l’audience des criées du tribunal civil de la Seine. Joseph Bonaparte, frère aîné du Premier Consul, s’en porta acquéreur pour 258 000 francs comptants plus de 5 000F de rente viagère. Pendant les années 1808-1814 furent entrepris d’importants travaux d’aménagement, décors intérieurs et mobiliers du château, avec agrandissement du parc, plantations et constructions nouvelles.
Une nouvelle époque de mutation s’ouvrit le 6 janvier 1892 par la cession du Grand Parc de Mortefontaine, pour un montant de 3 millions de francs, à Antoine Agénor, duc de Gramont (1851- 1925), époux de Marguerite Alexandrine de Rothschild. Depuis cette date, le domaine est divisé ; Grand Parc et Petit Parc deviennent des propriétés séparées. Un nouveau et grand château, dénommée « Vallière -, est édifié en1894 dans un goût inspiré des châteaux du Val de Loire, entre silhouette gothique et composition d’ornements Renaissance. Installé sur un tertre culminant le paysage au-dessus des étangs, en face de l’île Molton, il s’ouvre sur un vaste paysage avec en fond de perspective les tours de la cathédrale de Senlis. La vocation du domaine se poursuit alors fastueusement entre fêtes et chasses à courre.
Trois périodes se révèlent essentielles pour la constitution du domaine : 1770-1780 pour le premier château et le Petit Parc, 1808-1814 pour le Grand Parc et 1894-1900 pour le château de Vallière, soit une trentaine d’années à travers trois siècles pour façonner un domaine d’exception ayant porté haut et fort sa vocation à l’invitation aux plaisirs de la nature et de l’esprit, mémoire d’un site renfermé aujourd’hui derrière les grilles de propriétés privées.
Les grandes heures de Mortefontaine
Un paysage de peintres et d’écrivains :
Gérard de Nerval dit Gérard Labrunie (1808-1855)
Jean-Baptiste Camille Corot (17961 – 1875)
La Convention de Mortefontaine, le 30 septembre 1800
Les fiançaille du Duc Armand de Gramont , le 14 juillet 1904 au château de Vallière
Eglise Saint Barthélemy de Mortefontaine
L’église Saint Barthélemy de Mortefontaine fait partie de la paroisse du Serval.
Responsable de la paroisse :
Père Antoine NGUYEN VAN NEN
Maison paroissiale 1, place de l’église à PLAILLY – Tél. : 03 44 54 35 63. Permanence : le mercredi de 16h à 18h30 et le samedi de 9h30 à 11h30
Plus d’info et calendrier des messes
Catéchisme pour les enfants dispensé par Soeur Marie-Odile à Saint-Dominique.