Trois hommes se partagent le privilège d’avoir embelli la demeure et façonné le paysage des jardins et du parc de Mortefontaine.
Tout d’abord la famille Le Peletier, propriétaire par succession du domaine de Mortefontaine depuis les débuts du XVIIe siècle. Claude Le Peletier (1631 - 1711), puis Louis Le Peletier (1662-1730), Jacques-Louis Le du nom (1730 - 1799), et enfin Louis Le Peletier (1662-1730), deuxième du nom (1730-1799), héritier de cette famille de magistrats parisiens qui entrepris de grands travaux d’embellissement des bâtiments et des jardins à partir de décembre 1770. La tourmente révolutionnaire sonna le glas de ce lignage.
Vendu en 1790, le domaine se retrouva, le 20 octobre 1798, à l’audience des criées du tribunal civil de la Seine. Joseph Bonaparte, frère aîné du Premier Consul, s’en porta acquéreur pour 258 000 francs comptants plus de 5 000F de rente viagère. Pendant les années 1808-1814 furent entrepris d’importants travaux d’aménagement, décors intérieurs et mobiliers du château, avec agrandissement du parc, plantations et constructions nouvelles.
Une nouvelle époque de mutation s’ouvrit le 6 janvier 1892 par la cession du Grand Parc de Mortefontaine, pour un montant de 3 millions de francs, à Antoine Agénor, duc de Gramont (1851- 1925), époux de Marguerite Alexandrine de Rothschild. Depuis cette date, le domaine est divisé ; Grand Parc et Petit Parc deviennent des propriétés séparées. Un nouveau et grand château, dénommée « Vallière -, est édifié en1894 dans un goût inspiré des châteaux du Val de Loire, entre silhouette gothique et composition d’ornements Renaissance. Installé sur un tertre culminant le paysage au-dessus des étangs, en face de l’île Molton, il s’ouvre sur un vaste paysage avec en fond de perspective les tours de la cathédrale de Senlis. La vocation du domaine se poursuit alors fastueusement entre fêtes et chasses à courre.
Trois périodes se révèlent essentielles pour la constitution du domaine : 1770-1780 pour le premier château et le Petit Parc, 1808-1814 pour le Grand Parc et 1894-1900 pour le château de Vallière, soit une trentaine d’années à travers trois siècles pour façonner un domaine d’exception ayant porté haut et fort sa vocation à l’invitation aux plaisirs de la nature et de l’esprit, mémoire d’un site renfermé aujourd’hui derrière les grilles de propriétés privées.